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A Angoulême, Claire Moutiers, 17 ans, travaille comme caissière dans un supermarché. La jeune fille vit seule et se consacre à sa passion, la broderie. Une visite chez la gynécologue lui apprend qu'elle est enceinte de cinq mois. Claire ne sait que faire de cet enfant dont elle ne voit plus le père. Elle n'ose annoncer la nouvelle à ses parents et décide d'accoucher sous X. C'est alors qu'elle fait la connaissance de madame Mélikian, ancienne brodeuse à façon pour la haute couture, qui vit totalement isolée. Elles travaillent ensemble et apprennent au contact l'une de l'autre à surmonter les difficultés de l'existence.

Critique lors de la sortie en salle le 13/10/2004

Par Marine Landrot

Claire donne de grands coups de couteau dans les choux qui crèvent la terre froide. Elle aimerait bien que les bébés naissent dedans, plutôt que de s'imposer sans prévenir au fond de son ventre. Elle lave ensuite ses mains sous un pis de vache. Le lait, c'est bon pour décrasser les doigts, pas pour encombrer les seins pigeonnant dans le mohair. Enceinte involontaire à 17 ans, Claire s'attaque avec une détermination paisible à tout ce qui lui rappelle sa maternité non désirée. Jamais rageuse ni hystérique, elle se bat pour le droit au silence, à la dissimulation, à la honte même. Chez elle, le déni de grossesse est un art suprême et inaccessible. Comme la broderie, qu'elle pratique en cachette, le soir, après sa journée de caissière à Intermarché. Pas le genre canevas criard qui finit en coussin sur la plage arrière de la voiture. Haut les mains, peau de lapin, des paillettes et du satin, en deux trois coups d'aiguille, Claire transforme le moindre morceau de toile de jute en pièce de collection digne de chez Lesage. Son talent la mène chez Mme Mélikian, une brodeuse professionnelle aussi solitaire et douée qu'elle. Voilà pour la trame d'un premier film atypique, cousu de fils changeants, de toutes les couleurs et de toutes les matières. Eléonore Faucher a fabriqué Brodeuses comme un oiseau fait son nid, picorant des brins de banalité, des fétus de tristesse, des grains de rêverie. Sensible aux matières, elle a tourné son film en brodeuse, mêlant le rêche au duveteux, l'âpreté à la tendresse. Le nez collé sur son travail, elle ausculte les corps de près, puis prend soudain ses distances et contemple la beauté des êtres dans leur ensemble. Digne et atemporelle, son héroïne a l'air de voyager à travers les époques. Belle comme une Vierge de la Renaissance, elle peut brusquement s'assombrir comme une héroïne de Zola, ou s'illuminer sous son turban bleu, telle la jeune fille à la perle de Vermeer. Et quand elle chevauche sa pétrolette dans la campagne glaciale, ou alpague ses collègue sur le parking, elle ressemble à une syndicaliste de la France d'aujourd'hui. Cette esthétique ondoyante charge le film de mystère, multiplie les reflets éblouissants, décuple les interprétations possibles. Que doit-on cacher, que doit-on montrer, que doit-on regarder en face. Ce n'est pas à nous de décider. La vie est pleine de basculements irrémédiables qui se chargent de prendre les décisions à notre place, semble croire Eléonore Faucher. Mais il ne tient qu'à nous de considérer ces catastrophes comme des renaissances. Claire a cette conviction, qui la pousse à fréquenter ses semblables. Ainsi, sous son regard, le visage tuméfié du frère de sa meilleure amie (défiguré après un accident de la route qui a causé la mort d'un garçon de son âge) prend une toute autre lumière. Cette tache de mort devient tache de naissance et encouragement au renouvellement. Le miracle a aussi lieu sur Mme Mélikian, son employeuse, triste et sombre comme une veuve de guerre, qui reprend goût à la vie par sa seule présence. Leur ouvrage finit par se transformer en croquis de biologie, lumineux et vibrionnant. Les deux femmes piquent des perles et des fils d'argent sur un tulle de mariage. Et l'on croit voir apparaître des embryons en formation. Sans jamais s'attarder sur l'émotion, Eléonore Faucher saisit l'éphémère dans ce qu'il porte en lui de définitif. Elle crée un climat de raideur flottante, qui n'est bizarrement jamais source d'angoisse. Et l'on se sent aussi émerveillé que le personnage incarné par Jackie Berroyer, qui s'interroge face à une noix. « Peut-être que ça a un sens. » Marine Landrot

Critique du 04/10/2008

Par Marine Landrot

Film d'ElГ©onore Faucher (France, 2004). ScГ©nario. E. Faucher et GaГ«lle MacГ©. 85 mn. InГ©dit. Avec… (Lire la suite)

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